Le phosphore est l’un des minéraux les plus importants en nutrition animale

A quoi sert le phosphore ?

Le calcium (Ca) et le phosphore (P) sont des éléments essentiels pour la santé, les performances et le bien-être des animaux. Le Ca représente 1,9 % du poids corporel total et constitue la base de la structure osseuse. Le P est le deuxième élément le plus abondant dans l’organisme des animaux après le Ca. En effet, il représente 0,9 % du poids corporel total et est stocké à 85 % dans les os, le reste se trouvant dans les fluides corporels et les tissus mous. Le P est présent dans l’ADN et les molécules d’ATP (adénosine triphosphate), ces dernières fournissant l’énergie à la cellule.

Figure 1 : Que représente le P dans l’organisme ?

Les principaux processus métaboliques qui impliquent le P :

  • Développement et entretien du tissu squelettique : la plus grande partie du P est consacrée à l’entretien du squelette, où il est co-précipité avec le Ca sous forme d’hydroxyapatite. Le squelette agit non seulement comme un système de soutien, mais aussi comme un réservoir de Ca et de P dans lequel le reste de l’organisme peut puiser, en particulier en période de gestion et lactation et plus particulièrement pendant la période de ponte chez les poules pondeuses. Le P est également indispensable à la dureté de la carapace des crustacés !
  • Utilisation et transfert d’énergie : Le P joue un rôle essentiel dans la régulation de l’énergie. Certains phosphates, comme l’ATP, sont des accumulateurs et des donneurs d’énergie universels. En effet, ils sont présents dans toutes les cellules du corps et assurent à la fois le stockage de l’énergie et son utilisation. L’ATP joue un rôle primordial dans l’activité musculaire au cours de laquelle l’énergie chimique est convertie en énergie mécanique.
  • Synthèse des protéines, transport des acides gras, échange d’acides aminés : La phosphorylation est responsable de l’absorption intestinale, de la glycolyse et de l’oxydation directe des glucides, de l’excrétion rénale, du transport des lipides, de l’échange des acides aminés, etc. Le P est également un composant de nombreuses coenzymes et un constituant des phospholipides permettant la flexibilité des membranes cellulaires.
  • Croissance et différenciation cellulaire (ADN) : Le P fait partie de la structure des acides nucléiques, qui sont les porteurs de l’information génétique et régulent la biosynthèse des protéines et l’immunité.
  • Et bien d’autres!

Equilibre du phosphore dans le corps

Sans un apport adéquat de P, un animal souffrira d’une carence en P. Dans tous les cas, cela affecte le bien-être physique de l’animal et les performances économiques. La première conséquence est une chute du taux de phosphate dans le plasma sanguin, suivie par le mécanisme de réponse consistant à puiser le Ca et le P dans les os de l’animal. Outre une résistance généralement plus faible aux infections, il en résulte souvent une perte d’appétit et une réduction du gain de poids vif en raison d’une diminution de l’efficacité alimentaire.

Chez les poules pondeuses, le maintien d’un bon rapport Ca:P est essentiel pour garantir un développement suffisant du squelette afin d’obtenir un rendement optimal de production d’œufs. Chez les poulets de chair, les fractures d’os entraînent des problèmes majeurs au cours de la production et de la transformation, affectant la qualité de la viande ; les oiseaux atteints de rachitisme subissent une perte économique totale. Chez les truies, une carence en P peut entraîner un raccourcissement du cycle de vie de l’animal et une baisse de productivité. Chez les porcs en engraissement, elle peut affecter la qualité de la viande et entraîner des pertes économiques.

Figure 2 : Equilibre du P dans l’organisme

Vous devez fournir un apport en P qui correspond aux besoins de l’animal

Figure 3 : Les principales sources de phosphore

Les besoins en P de la plupart des animaux ont été bien établis par les tables de nutrition officielles (NRC, INRAE, CVB, FEDNA, ARC…). Toutefois, la traduction de ces besoins en apports journaliers est plus compliquée, compte tenu de plusieurs facteurs :

  • Variations des niveaux de performance
  • Différences entre les races et les souches
  • Variations au sein d’un troupeau
  • Variations de la composition des aliments

En fournissant les apports requis en P, les principales préoccupations de l’éleveur sont le bien-être des animaux et la productivité, afin de garantir le bon développement de l’animal et le meilleur rendement économique. En outre, les considérations environnementales sont de plus en plus prises en compte afin de garantir un impact minimal sur l’environnement. Ainsi, un apport adéquat de P sous une forme pouvant être absorbée par l’animal est essentiel pour relever les défis en matière d’environnement et de performance. On parle souvent de phosphore biologiquement « digestible » ou « disponible ».

Testez vous ! Savez-vous ce qu’il advient du P qui n’est pas digéré par les animaux ?

Il se retrouve dans le fumier, où il peut être utilisé comme source naturelle et bon marché de P, en plus de l’azote et d’autres minéraux. Toutefois, la majeure partie du P contenu dans le fumier ne provient pas de l’utilisation de phosphates alimentaires inorganiques mais de P végétal non digéré (>95%).